Suivant une diète stricte, surveillant
scrupuleusement son taux de glycémie et sa tension artérielle, toujours
vêtu d’une chemise blanche repassée avec soin, Bertrand se plie à une
disciple ferme. Il tient un compte précis de ses activités à l’aide d’un
magnétophone qu’il trimbale partout. Il ne sort que peu sauf pour
photographier les jeunes femmes qu’il croise. Un jour, il demande à une
femme, dont il apprendra par la suite qu’elle se prénomme Audrey
(Noémie Godin-Vigneau), de lui acheter son manteau contre 500 $. Obsédé
par le corps féminin, il est incapable d’établir de relation avec une
femme dans le monde réel.
Le film aborde les difficultés que
rencontre Bertrand, un ancien militaire, de prendre part à nouveau à la
société. Visiblement marqué par les conflits armés, il fait des
cauchemars, revit parfois les combats (on pense notamment à la scène
d’ouverture) et souffre à une jambe, ce qui le force à utiliser une
canne. Sa canne qui lui servira d’ailleurs de fusil dans ses conflits
imaginaires. Comme le confiait le réalisateur en entrevue à la revue Séquences en
mai dernier : « Le principe de base était de travailler sur un individu
solitaire aux prises avec des traumatismes qui l’empêcheraient de faire
face à la réalité, et plus particulièrement dans ses rapports avec les
femmes. Ce qui est intéressant dans le personnage de Bertrand, c’est que
sa rigueur morale, assimilée pendant son service à l’armée, contraste
avec sa vie privée, plutôt à la dérive. » Le militaire transcrit des
passages de la Bible, sans pour autant en suivre tous les commandements.
Filmé caméra à l’épaule, on sent parfois
l’agitation du personnage par le mouvement même de la caméra plus
marqué. Bertrand est omniprésent, il est dans presque tous les plans, au
centre d’un univers que l’on sent fragile, sur le point d’éclater au
moindre soubresaut. Mitrani utilise beaucoup les gros plans pour capter
les émotions du protagoniste. Il nous le montre accomplissant les gestes
du quotidien : peigne sa barbe, lave ses ongles, fait ses injections
d’insuline, etc. Bien que ce dernier fait ne soit pas un défaut, le film
tourne un peu à vide par moments. Et la fin, bien que positive pour
Bernard, ne me paraît pas réaliste, du moins, elle ne devrait pas être
sans conséquences pour sa santé physique.
Le Militaire témoigne de la vulnérabilité de l’homme, qui cherche à se raccrocher à de petits choses pour ne pas sombrer.
- Annie Tanguay • 13 octobre 2014 •
http://lepetitseptieme.ca/2014/10/13/militaire-obsession/
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